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Illustration pour le roman de Victor Hugo "Han d'Islande", chapitre I, correspondant au texte suivant :"La salle où se trouvaient nos interlocuteurs était spacieuse et obscure, ce qui la faisait paraître plus spacieuse encore ; elle ne recevait de jour que par la porte carrée et basse qui s'ouvrait sur le port de Drontheim, et une ouverture grossièrement pratiquée dans le plafond, d'où une lumière blanche et terne tombait avec la pluie, la grêle ou la neige, selon le temps, sur les cadavres couchés directement au-dessous. Cette salle était divisée dans sa largeur par une balustrade de fer à hauteur d'appui. Le public pénétrait dans la première partie par la porte carrée ; on voyait dans la seconde six longues dalles de granit noir, disposées de front et parallèlement. Une petite porte latérale servait, dans chaque section, d'entrée au gardien et à son aide, dont le logement remplissait les derrières de l'édifice, adossé à la mer. Le mineur et sa fiancée occupaient deux des lits de granit ; la décomposition s'annonçait dans le corps de la jeune fille par les larges taches bleues et pourprées qui couraient le long de ses membres sur la place des vaisseaux sanguins. Les traits de Gill paraissaient durs et sombres ; mais son cadavre était si horriblement mutilé, qu'il était impossible de juger si sa beauté était aussi réelle que le disait la vieille Olly.C'est devant ces restes défigurés qu'avait commencé, au milieu de la foule muette, la conversation dont nous avons été le fidèle interprète.Un grand homme, sec et vieux, assis les bras croisés et la tête penchée sur un débris d'escabelle dans le coin le plus noir de la salle, n'avait paru y prêter aucune attention jusqu'au moment où il se leva subitement en criant : Paix, paix, radoteuses! et vint saisir le bras du soldat.Tout le monde se tut ; le soldat se retourna et partit d'un brusque éclat de rire à la vue de son singulier interrupteur, dont le visage hâve, les cheveux rares et sales, les longs doigts et le complet accoutrement de cuir de renne, justifiaient amplement un accueil aussi gai. Cependant un murmure s'élevait dans la foule des femmes, un moment interdites : - C'est le gardien du Spladgest [1]. - Cet infernal concierge des morts! - Ce diabolique Spiagudry! - Ce maudit sorcier…"
1884-1885
Crayon graphite, Gouache, Encre noire, Plume, Papier
38.2 x 27.8cm
475
Image © Maison de Victor Hugo, 2023

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