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Le Tricheur à l’as de carreau

La toile représente quatre personnages cadrés à mi-corps et répartis autour d’une table de jeu.

Le tableau tire son nom du personnage de gauche, assis de trois-quarts dos, derrière la table. Son coude droit posé sur la table révèle son jeu au spectateur : il a trois cartes dans la main, dont deux carreaux visibles, un sept et un six.

De la main gauche, il tire de sa ceinture l’as de carreau qui y est glissé, en laissant l’as de pique en réserve.

À droite du tricheur, derrière la table, se tient une servante, debout. Ses épaules de trois-quarts sont tournées vers la courtisane, à droite, alors que sa tête penchée est représentée selon un profil strict.

De la main gauche, elle tient au col une bouteille débouchée, à large panse recouverte de jonc tressé. De la droite, elle tient par la base un verre conique rempli de vin.

La femme située derrière la table, les épaules légèrement tournées vers la gauche du cadre (vers le tricheur) est selon toute vraisemblance une courtisane : c'est ce que suggèrent son large décolleté rectangulaire, ainsi que les grosses perles qu'elle porte, en pendants d'oreilles en forme de poire, mais surtout rondes, en bracelets autour des deux poignets, en collier autour du cou, et autour de la tête, pour décorer le rebord de sa coiffe.

Les perles sont traditionnellement un attribut de la prostituée. De l’index de la main droite légèrement replié, elle s’adresse au tricheur, qui ne la regarde pas : elle lui enjoint de poser sa mise sur la table, et ainsi d’ouvrir les paris.

À droite, assis au premier plan devant la table, légèrement tourné vers sa gauhe, un jeune homme aux cheveux bruns, aux traits ronds pleins de mollesse, les joues tombantes, se tient droit, les yeux rivés sur ses quatre cartes, dont un pique, sûrement le six, qu’il tient des deux mains.

Une grosse somme d'argent s'étale devant lui : une douzaine de monnaies d’or - doubles et quadruples pistoles d’Espagne - et une pièce d’argent. Les personnages jouent au jeu de prime : il s’agit d’un jeu de paris, ancêtre du poker, à quatre cartes.

Le tricheur s’apprête à réaliser une forte combinaison, le « grand point » ou « cinquante-cinq », en ajoutant à son sept et son six de carreau l’as qu’il tire de sa ceinture.

La composition rapproche les trois complices et isole celui qui va être berné.

Une élégante signature calligraphiée, en latin, se cache dans l’ombre de la table, sous le coude du tricheur : « Georgius De La Tour fecit » (« Georges de La Tour m’a fait »).

c. 1635-1638
Huile sur toile
1.06 x 1.46m
RF1972-8

Présenté par

Musée du Louvre
Musée du Louvre
Collection permanente