Une odalisque, dite La Grande Odalisque

Commandée par Caroline Murat, soeur de Napoléon Ier et reine de Naples, à Ingres, La Grande Odalisque présente un nu oriental aux courbes sinueuses.

Un Orient de rêve Comme le titre l’indique, la femme représentée est une “odalisque”, c’est-à-dire une femme de chambre des harems orientaux. La dimension orientale de l’oeuvre est renforcée par le turban, les bijoux et l’éventail portés par cette femme.

La Grande Odalisque peut se rattacher au courant orientaliste, c’est-à-dire l’intérêt et la curiosité des artistes et des écrivains pour les pays du couchant ou du Levant. Les oeuvres relevant de ce courant, confondant les styles, les époques et les civilisations, offrent souvent une image faussée et imaginaire des femmes orientales, puisque la plupart des artistes ne se sont jamais rendus là-bas. Le tableau d’Ingres s’inscrit dans ce courant, puisque l’artiste présente une femme orientale idéalisée selon la vision européenne fantasmée de l’Orient.

Une femme sensuelle et pudique L’odalisque d’Ingres se présente nue aux regards des spectateurs. Alanguie sur un divan, elle regarde le spectateur fixement. L’espace clos, le rideau bleu sur lequel se détache la blancheur du corps de cette femme, ainsi que sa nudité donnent une dimension sensuelle au tableau. Mais cette sensualité reste suggérée malgré sa nudité : elle tourne le dos, et seule une partie de son sein est visible.

Depuis la Renaissance, le nu est un thème récurrent dans l’art occidental. Cependant, les nus étaient généralement des représentations mythologiques. Ingres propose une nouveauté en transposant le nu en Orient.

Une commande royale L’oeuvre avait été commandée par Caroline Murat, la soeur de Napoléon, en 1813. Ingres se trouve alors à Rome depuis 1806, où il est pensionnaire de l’Académie de France. La Grande Odalisque devait faire pendant à un autre nu, La Dormeuse de Naples.

Ingres reste en Italie jusqu’en 1824, où il connaît plus de succès qu’en France, puisqu’en 1819, il présente La Grande Odalisque au Salon, qui suscite énormément de critiques. Mais pourquoi ce tableau a-t-il été si vivement critiqué ? Ecoutez l’audio-guide pour apprendre la raison de cette critique !