Scène des massacres de Scio ; familles grecques attendant

La représentation par Delacroix des Scènes du massacre de Scio, présentée au Salon de 1824, déclenche la querelle du romantisme par ses innovations plastiques. Si vous voulez en savoir plus sur la querelle, écoutez l’audio-guide !

La représentation d’un épisode contemporain En 1821, poussés par le vent de révolution qui souffle sur l’Europe depuis la Révolution Française, les Grecs se soulèvent à leur tour contre l’occupant ottoman. En proclamant leur indépendance, ils provoquent une sévère répression sur la petite île de Chios. Après avoir massacré et violé les habitants, l’armée turque décide de faire des prisonniers parmi les survivants.

Delacroix s’empare de cet épisode tragique pour en faire une oeuvre phare du romantisme. Il prend le contrepied de tous les principes artistiques en représentant sous le format d’une peinture d’histoire non pas un épisode mythologique ou historique, mais un événement d’actualité.

Delacroix engagé Delacroix se place délibérément du côté des vaincus, les Grecs massacrés. En effet, il oppose l’attitude guerrière du soldat turc à cheval aux personnages hagards et accablés du premier plan.

Delacroix présente une scène de désolation et de souffrance en insistant sur le pathétique : un enfant tète le cadavre de sa mère, un groupe de Grecs se fait fusiller au second plan, et la fumée qui sort des ruines de la ville suggère sa destruction totale. Cette toile vise à rallier le public à la cause grecque et ainsi contribuer à l’intervention des gouvernements dans le conflit.

Le renouvellement de la peinture Le tableau de Delacroix marque une rupture avec les codes plastiques traditionnels, et l’artiste en fait un manifeste du romantisme. En effet, il choisit de représenter non pas la bataille ou la victoire, mais les conséquences de celles-ci sur les populations vaincus. De plus, il innove dans la composition et dans les coloris. L’absence de centre de composition qui laisse voir un horizon lointain et vide, ainsi que le choix des coloris éclatants avec du bleu et du rouge contribuent à faire de ce tableau un manifeste du romantisme.